HYPO QUOI ?
2) Un peu d'histoire: de Zátopek à
nos jours
(d'après l'ouvrage "l'entraînement en hypoventilation,
repoussez vos limites", Xavier Woorons, 2014,
176 p.)
1950: Les pratiques des coureurs de l'Est
Au milieu du 20ème siècle, les coureurs à pied des
pays de l'Europe de l'Est et de l'ancienne URSS avaient
l'habitude de s'entraîner en réduisant volontairement leur
fréquence respiratoire. Le plus célèbre d'entre eux était
Emil Zátopek, le coureur de fond tchécoslovaque
détenteur de 4 titres olympiques entre 1948 et 1952 et de
18 records du monde. Il lui arrivait régulièrement de courir en
bloquant sa respiration le plus longtemps possible afin de
renforcer sa capacité pulmonaire et de simuler les conditions de
compétition. Une fois, il maintint sa
respiration si longtemps qu'il alla jusqu'à perdre connaissance.
A cette
époque, on ne savait pas si ce genre de pratique extrême était
réellement efficace mais elle n'était en tout cas pas sans
risques pour les athlètes.
1970: Une
nouvelle méthode en natation
Après les Jeux Olympiques de Mexico
(2200 m d'altitude) en 1968, on commença à réfléchir à l'intérêt de
s'entraîner en altitude pour améliorer la performance sportive.
Au début des années 1970, un des
plus grands entraîneurs de natation, l'américain James
Counsilman, émit l'hypothèse que si les nageurs s'entrainaient
en respirant moins fréquemment, ils pourraient simuler un
entraînement en altitude, ce qui induirait des adaptations
physiologiques favorables à la performance.
C'est ainsi
qu'à cette époque, une nouvelle méthode vit le jour et connut un
large succès dans le monde de la natation: l'entraînement en
réduction de fréquence respiratoire, plus classiquement appelé
"entraînement en hypoxie". A chaque séance, un grand nombre de
nageurs parcouraient des distances en inspirant tous les 5, 7
voire 9 mouvements de bras au lieu des 2 ou 3 mouvements
habituels.
1980:
L'application par les coureurs de demi-fond
Dans les années 1980, alors que
l'engouement pour l'entraînement en hypoxie ne se dément pas en
natation, on retrouve aussi des formes d'entraînement en
hypoventilation dans le monde de l'athlétisme. Un des fervents
de cette méthode était l'entraîneur de course de demi-fond
brésilien Luiz De Oliveira. Notamment connu pour avoir
entraîné Joaquim
Cruz, champion olympique du 800 m à Los Angeles en 1984, et Marie
Decker, championne du monde du 1500 m et 3000 m en 1983 à
Helsinki, De Oliveira
mettait régulièrement en place avec ses
athlètes
des exercices de blocage
respiratoire. Ces exercices consistaient à courir plusieurs
dizaines de mètres sans respirer ou à maintenir sa respiration
dans les 30 derniers
mètres des séries d'entraînement afin de reproduire la fatigue
des fins de course. Bien
que pratiquée de manière plus rationnelle que les coureurs de
l'Est des années 1950, cette forme d'entraînement ne s'appuyait
néanmoins toujours sur aucune base scientifique solide.
1980-1990: Les premiers travaux
scientifiques
C'est à partir des années 1980
que les premières études scientifiques sur les formes
d'entraînement en hypoventilation appliquées en natation ou en
course furent publiées. Les résultats des recherches n'allaient
pas dans le sens des hypothèses formulées jusqu'alors par le
monde sportif et remirent en cause la légitimité de ce type
d'entraînement. Les études scientifiques démontrèrent en effet
que si la technique respiratoire augmentait les concentrations
en CO2 dans l'organisme, elle ne réduisait pas de
manière significative les concentrations en O2.
Malgré ces conclusions, l'entraînement en réduction de fréquence
respiratoire continua à être largement appliqué en natation dans
les années qui suivirent, devenant même une méthode
d'entraînement classique encore souvent appelée de nos jours
"entraînement en hypoxie".
2000-2014: L'hypoventilation nouvelle
formule!
Dans les années 2000, de
nouveaux travaux scientifiques furent entrepris par le
laboratoire "Réponses cellulaires et fonctionnelles à l'hypoxie"
de l'Université
Paris 13 afin de proposer une nouvelle approche de
l'entraînement en hypoventilation. Le Dr. Xavier Woorons émit
l'hypothèse qu'on pourrait sans doute obtenir une baisse
significative de l'O2 dans le sang si les blocages
respiratoires étaient réalisés avec une quantité d'air réduite
dans les poumons. Jusqu'alors, l'hypoventilation s'était
toujours faite avec des poumons remplis d'air au moment des
blocages respiratoires. Les résultats des études publiées furent
très encourageants. Ils montrèrent que l'application de la
technique du expirer-bloquer au cours de différents types
d'exercices (vélo, course, natation) permettait de réduire très
significativement les concentrations en O2 à la fois
dans le sang et dans les muscles. Sans quitter le niveau de la
mer, et sans utiliser d'appareils coûteux, on pouvait ainsi
s'entraîner virtuellement à plus de 2000 m d'altitude! Pour
tester l'efficacité de la nouvelle méthode d'hypoventilation,
des coureurs à pieds s'entraînèrent durant 4 semaines en
appliquant la technique du expirer-bloquer. A l'issue de la
période d'entraînement, on constata que l'hypoventilation avait
provoqué des adaptations physiologiques qui permirent de
repousser le seuil d'apparition de la fatigue, améliorant au
final la performance de la grande majorité des coureurs.
Dans les années qui suivirent, d'autres études scientifiques
démontrèrent l'efficacité de l'entraînement en hypoventilation
nouvelle formule.
2015-2017: L'entraînement en hypoventilation passe à la vitesse
supérieure
Alors que la méthode n'avait été utilisée jusqu'alors qu'à des
intensités d'exercice tout au plus modérées, elle a été
appliquée pour la première fois à des intensités très élevées.
Les premières études parues en 2016 et 2017 montrent des effets
très significatifs sur l'amélioration des performances. Les
études qui viennent juste de s'achever et qui seront publiées
dans les prochains mois confirment cette tendance à une forte
amélioration de la performance dans les sports qui exigent des
efforts brefs et intenses (athlétisme, cyclisme, natation,
sports collectifs, sports de combat, sports de raquette).
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Le premier livre sur
l'entraînement en
hypoventilation
Etude scientifique sur
l'entraînement en hypoventilation (2017)
Etude scientifique sur
l'entraînement en hypoventilation (2017)
Etude scientifique sur
l'entraînement en hypoventilation (2016)
Etude scientifique sur
l'entraînement en hypoventilation (2014)
L'entraînement en hypoventilation en
natation (2014)
Etude scientifique sur
l'entraînement en hypoventilation (2011)
Etude scientifique sur
l'entraînement en hypoventilation (2010)
Article de presse sur l'entraînement
en hypoventilation
"Bienvenue dans l'hypoxie":
un article sur l'entraînement en hypoventilation (2008)
Etude scientifique sur
l'entraînement en hypoventilation (2008)
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